Quelques jours étaient passés depuis ta visite médicale. Durant ce temps, tu n'avais plus recroiser. Ni à la cafétéria, ni dans le couloir qui menait à son bureau. Mais qu'est-ce qu'il t'arrivais ? On ne poursuit pas les gens ainsi voyons, Aoi, un peu de bon sens ! Tu voulais te débarrasser de cette dette, et le fait qu'il n'avait même pas cherché à te demander un service te perturbait. Peut-être n'avait-il besoin de rien pour le moment ? Visiblement, c'était le cas et tu devais faire avec. Tu occupais tes journées tranquillement, vu la chaleur qui était revenue, courir l'après-midi était impossible. Tu faisais tes exercices assez tôt le matin puis rentrais te laver et manger. La promenade de ton ami se faisait après avoir mangé, et là, tu avais toujours de l'eau avec toi.

La journée était bientôt terminée. Vous aviez pris votre dernier repas, vous aviez pris votre douche et vous revoilà dans cette chambre. Tu avais peint aujourd'hui, et tu continuerais sûrement ce soir. Vous n'étiez que tous les deux, pas d'autres colocataires pour le moment et c'était tant mieux. Tu pouvais ainsi rester en boxer. La porte était bien sûr fermée à clé, sait-on jamais. Tu peignais cette toile avec tes doigts, une nouvelle envie qui avait traversé ton esprit dérangé et avait de la peinture plein les mains. Des gants multicolores. Tu en avais aussi un peu sur ton visage. Ton front, ton nez, tes joues, ton menton, tes oreilles. Recouverts de traits de couleurs différentes. Des éclaboussures sur le reste du corps. Mais tu t'en fichais. Qui le verrait ? Tu avais par contre protéger ton sol et de ce fait, il était resté propre tout ce temps.

Quelque chose t'arrêta. On venait de frapper à ta porte. À cette heure ? Tu enfilas un bermuda avant d'aller ouvrir, et eut la surprise de voir White. Que voulait-il ?

Aujourd’hui, on m’a demandé de venir à la rencontre d’un patient dans sa chambre. De fort coup de poing ont été entendu dans les chambres voisines causant du souci aux autres internés. De plus les résultats sanguins de cette personne ne sont pas très bons. Je suppose donc qu’ils se sont servis de ce dernier point pour que je puisse en même temps savoir ce qu’il se passe dans cette chambre.

Je frappe donc à la porte qui vient s’ouvrir et là surprise. Le patient que j’attendais le moins à voir se trouve en face de moi. De la peinture plein le visage et les mains. Je regarde le dossier que j’ai entre les mains. Comment ai-je fait pour ne pas me rendre compte qu’il s’agissait de cet homme ?

Je vois un petit chien passer la porte et se faufiler entre mes jambes et j’en profite pour l’attraper au vol. La pauvre bête doit s’imaginer que c’est l’heure de sortir ou encore jouer. Je lui caresse sa petite tête en souriant. Les animaux n’ont pas de mal à m’extirper de vrais sourires des plus sincères. Je m’entends bien avec eux. Mieux qu’avec les êtres humains ou encore mes semblables.

Mon attention se porte de nouveau vers mon jeune patient. Je n’ose pas entrer sans son autorisation mais j’aperçois au long l’explication à toute cette peinture sur sa peau. Je souris sincèrement pour la deuxième fois de la journée. La peinture est un beau passe-temps. Par contre les traces de coups au mur sont beaucoup moins esthétiques. Je lui attrape donc les mains pour vérifier qu’il n’y a aucunes blessures sous cette couche d’arc-en-ciel.

« Bonjour Kamal. Je viens te poser quelques questions suite aux résultats de ta dernière prise de sang. Je vais également devoir t’en refaire une, j’en suis navré. Puis-je rentrer ? Mon bureau est déjà fermé. »

À peine la porte fût-elle ouverte que Kiba en profita pour fuir. Tu ne t'en inquiétas pas, car tu le connaissais. Il sortait faire un tour dans le couloir et revenait aussitôt quand il s'apercevait que tu n'étais pas là. Mais ça, White l'ignorait. Il attrapa le quadrupède avant même qu'il ne fasse deux pas hors de la chambre et le fit re-rentrer. Tu le vis sourire en voyant ta chambre, mais cet étirement des lèvres disparut bien vite et voilà que tes mains furent saisies. Qu'il arrête !, ses mains seraient toutes sales après. Et que cherchait-il à y voir ? Tout était caché sous plusieurs couches de couleurs différentes. Tu ne comprenais pas trop la situation et retiras tes mains des siennes.

« Bonjour Kamal. Je viens te poser quelques questions suite aux résultats de ta dernière prise de sang. Je vais également devoir t’en refaire une, j’en suis navré. Puis-je rentrer ? Mon bureau est déjà fermé. »

Tu t'écartas pour le laisser rentrer, mais tu refusais clairement qu'on te reprenne du sang, une main venant automatiquement protéger la zone de prélèvement. Ils cherchaient à t'en vider ? Et puis c'était quoi cette histoire avec sa prise de sang ? Elle était bonne, elle était parfaite. Tu le savais, et lui aussi ! Tu te sentais parfaitement bien, certes fatigué mais à part cela, tout allait bien. Si tu étais convaincu d'aller bien, alors tu allais bien. Il t'appelait par ton deuxième prénom. Pourquoi ça ? Tu n'avais pourtant pas fait de bêtises. Du moins, pas à ta connaissance. Tu attendis qu'il rentre pour refermer la porte derrière lui et partis t'installer, écoutant avec un peu de méfiance ses questions.

Je pense avoir fait une bêtise. Il me repousse, il ne veut pas que je le touche, c’est normal je ne suis qu’infirmier et les patients n’aiment pas ça. Alors pourquoi ça me fait aussi mal ? Face à lui je n’arrive pas à garder ce faux sourire que j’affiche chaque jour et me voilà affublé d’une mine tristounette. Je lui pose cependant mes quelques questions. Au vu de ses réponses les résultats de la prise de sang se confirme.

« Tu as donc un manque de fer et de magnésium. Il faudra manger plus de viande et prendre un petit complément alimentaire, ça devrait passer assez vite. Comme tu as bien coopéré, il n’y aura pas besoin de prise de sang pour le moment. Cependant, je me vois dans l’obligation de te demander la raison de la présence de coups de poings dans les murs. On peut te fournir un punchingball si tu as besoin de t’entraîner ou évacuer ton stress. Le bruit que cela cause gêne tes voisins. »

Je tends les mains pour lui faire comprendre que j’aimerais examiner officiellement ses mains cette fois. J’ai senti l’odeur du sang, le sien. Si ce n’est pas sur ses phalanges, c’est qu’il est blessé autre par car cette odeur vient de son corps et non pas des murs.

Il semblait triste et tu te demandais pourquoi. Ce n'était pas lui qui allait se faire vider de son sang. Tu ne comprenais pas pourquoi il jugeait si brusquement d'humeur. Ce genre de chose t'échappaient totalement tant l'habitude d'être seul s'était instaurée. Il te parlait de quelques carences alimentaires. Manger plus de viande ? Tu aimerais bien ! Mais tu lui fis remarquer que comme tout internés ici, tu ne pouvais pas avoir plus de viande que celle que tu mangeais déjà à chaque repas. Tu avais commencé à t'habituer à ne pas manger tes portions habituelles alors ça ne te dérangeait pas plus. Au moins, vous aviez de la nourriture, de vrais repas. Le simple fait qu'il t'épargne cette prise de sang te soulagea et te fit perdre toute ta méfiance, qui se transforma aussitôt en incompréhension. Des coups de poings dans les murs ? Tu tournais ta tête pour regarder chacun d'eux, et sachant aussi bien mentir qu'un manchot voulant jongler sans bras tu prétextas ne pas comprendre. Et ce regard fuyant alors, hm ? Regarde A si tu n'as rien à te reprocher. Et très peu convaincu par ta propre réponse, tu rajoutas en plus que c'était eux qui cherchaient ces coups. Bah quoi ? C'est tout à fait possible ! Si les murs aiment ça, c'est leur problème. C'était eux qui te suppliaient après chaque cauchemar de venir te défouler contre eux, tu ne prendrais jamais ce genre d'initiatives~… L'art de tromper ton prochain par de belles paroles t'était bien étranger, et tu refusas de nouveau qu'il te touche les mains.

« Elles sont sales, attend. »

Tu te redressas et partit te laver les mains, laissant alors l'infirmier seul dans ta chambre. Tu espérais n'avoir aucune marque sur les mains qui puissent te valoir une quelconque remontrance, et te voilà en train de frotter et gratter cet amas de peinture qui remontait jusque sur tes poignets. Tu ne savais pas trop ce qui allait se passer s'il trouvait des traces de chaque merveilleuses rencontres entre tes poings et les murs, et tu ne voulais pas le savoir. Si tu avais peur ? Tu n'en savais rien, mais tu continuais de frotter. Tu étais tellement pris dans cette tâche que tu commenças à déjà vouloir te débarrasser des traces colorées sur ton visage aussi.

Alors comme ça les murs aiment se faire frapper maintenant ? Bien entendu. Le voilà repartie une nouvelle fois mais pour se laver les mains cette fois. J’attends qu’il revienne et remarquant qu’il a également nettoyé son visage, je me permets de sortir un petit coton et du désinfectant de ma trousse pour lui nettoyer une petite trace restant au coin de son œil. Apercevoir son regard de la sorte me fait rougir. Finissant je regarde ses mains et les prends pour vérifier. Comme je le pensais, elles sont assez bien abimées et il va falloir soigner ça. Je sors donc ce qu’il faut pour les désinfecter, met un peu de pommade et les bandes délicatement.

« Il va falloir demander à tes murs d’arrêter cette relation malsaine, tes mains sont en très mauvais état. En ce qui concerne les portions de nourriture, je vais demander à ce que tu puisses en avoir un peu plus. Certains patients ont un régime alimentaire particulier. Si tu veux te resservir tu pourras, mais attention pas trop de douceurs d’accord ? »

Voici déjà arrivée l’heure de partir. Je n’ai pourtant pas envie. Il est tard et je souhaite rester avec ce jeune homme. Je me lève en reprennent mais affaires et me dirige vers la sortie en lui souriant tristement. Je n’attends qu’une simple petite chose. Un simple geste. Un simple mot. Une simple demande. Pour que je puisse rester en toute « légalité » avec cet homme.

S’il te plait Aoi, lis dans mes yeux et partage cette envie de rester tous les deux. J’avais enfin réussi à t’oublier et voici que le destin te replace sur ma route. Alors retiens-moi. Sinon je vais partir pour…

« … pour toujours. »

Je ne remarque pas que mes dernières pensées ou tout du moins ces derniers mots, viennent de sortir de ma bouche s’en autorisation. En fait je ne sais même pas que je viens de les prononcer. Je me retourne de nouveau vers la poignée et ressort de la chambre. Après avoir refermé, je me laisse tomber sur le sol et m’adosse contre la porte et ferme les yeux. Maintenant j’en suis sûr. Je n’aurais jamais dû venir ici. Dans cet hôpital. J’ai fait la plus grave erreur de ma vie.

En te rasseyant, tu te fis agresser par un bout de coton près de ton œil. Ark ! Mais…ça piquait c'te merde ! Tu n'avais plus qu'un seul ouvert tandis que tu grommelais faiblement. Si au moins tu avais été prévenu, tu n'aurais pas ronchonné. Mais en réalité, tu n'étais pas habitué à ce genre de choses. Même s'il faisait parti du personnel soignant, le fait que quelqu'un puisse autant s'occuper de toi te dépasser. Qu'attendait-il de toi ? Tu n'avais pas d'argent. Quand il eut finit de te nettoyer le visage, tu lui tendis tes mains et les regardais en même temps. Bah oui, s'il y avait des choses à leur reprocher, tu voulais savoir ce que c'était. Il les scruta sans le moindre mot. C'était bon signe, n'est-ce pas ? Non. À peine furent-elles relâchées que l'albinos commença à chercher de quoi les panser. Tu les regardais de nouveau et ne les trouvais pas tellement abîmées, mais tu n'étais pas vraiment apte à juger de ça. C'est donc toujours en l'observant faire que tu le laissas t'aider de nouveau, écoutant ses conseils. Tes piètres mensonges à propos des murs, il n'y avait pas cru, et pourtant, il ne dit rien sur ce point. Il te demanda simplement d'arrêter cette relation destructrice entre tes mains et eux, pour ton propre bien. Après tout, si tu voulais pouvoir rejouer un jour, tu ferais mieux d'en prendre soin.

« Ah, dommage… » dis-tu avec un faible sourire.

Toi qui aimait tant le sucré, même en ayant droit à des doubles portions, tu n'en aurais sûrement pas le droit. Et pourquoi d'ailleurs ? Tes résultats à ce niveau n'étaient pas bons ? Puis tu te souviens que tu t'étais quelque peu relâché depuis quelques temps, et apparemment, ça se voyait. Bon, il n'était pas trop tard pour rectifier tout ça. Tu réfléchissais à ton nouveau programme et la durée de chacun des exercices quand deux mots te perturbèrent : pour toujours. De quoi ? Tu avais manqué un épisode ? Tu étais pourtant sûr qu'il n'avait pas parlé avant. Mais peut-être que si. Il avait de nouveau cette mine abattue et il ressortit, sans dire un mot. Qu'est-ce que tout cela pouvait bien signifier ? Curieux, mais également soucieux de lui rendre son service comme dit lors de votre dernière rencontre, tu ouvris la porte pour le découvrir à même le sol. Uh ? Il avait fait un malaise ? Tu t'accroupis pour être à sa hauteur, et le regarda un moment.

« Ça va pas ? J'te dois toujours quelque chose hein…, tu hésitas quelque peu avant de te lancer, Et c'quoi qui sera pour toujours ?

Rien que là, tu trouvais que tu parlais trop. Tes mains se rapprochèrent de son pâle corps froid pour le redresser. Hé bien White, vous voilà dans une drôle de posture. Le soignant voudrait-il se faire soigner ? Tu le ramenas à l'intérieur et le posas sur ton lit. Tu commenças alors à le questionner de nouveau et, ouvrant ton tiroir, tu sortis un paquet de biscuits. Ce n'était pas grand chose, mais tu lui en donnas en lui disant qu'il ferait mieux de manger s'il avait faim plutôt que de remettre cet acte vital à plus tard. L'hôpital qui se fout de la charité, Aoi donnait des conseils maintenant ? On aura tout vu !

Il a dû penser que j’ai fait un malaise. Ça serait peut-être cela en effet. Mais un malaise émotif alors. Chose inattendu, le voici en train de me porter jusque son lit. Ai-je l’air en si piteux état.

Aurais-je prononcé mes pensées à haute voix ? Mais je ne ferais pas le premier pas. Je ne chercherais pas à le draguer. Je ne veux pas. Non ce n’est pas ça. Je ne peux tout simplement pas l’oublier et ça serait le trahir non ?

« T-tu ne me dois rien. Ça va. Laisses moi s’il te plait. »

Je tente de me relever. Je me retiens de craquer et de me blottir dans les bras de ce patient comme j’ai déjà pu le faire. C’est à moi de le soigner. Pas le contraire.

Il me tend gentiment un paquet de gâteaux. Ce n’est pas de ça dont j’ai besoin et je le refuse donc poliment.

« Je n’ai pas faim, merci. Ça va. »

Je pris de nouveau ses mains dans les miennes. Il ne le sait sans doute pas, mais ce geste est tout un symbole. Ce laisser toucher les mains, ou toucher celle de quelqu’un d’autre n’est pas un geste anodin, c’est une grande marque de confiance et de proximité. Je profite sans doute trop de ma position d’infirmier à cet instant, mais j’ai ce besoin qui me ronge de l’intérieur, de pouvoir le tenir de la sorte.

Ne pars pas. S’il te plait. Ces mots que je tais résonnent en moi. Il est de nouveau là. Le miracle devant faire briller ma si triste et longue existence.

Tu ne lui devais rien ? Non mais c'était quoi cette blague ? Tu lui devais un service, qu'il le veuille ou non. Tu n'étais pas du genre à balancer des paroles en l'air alors tu insistas sur le fait que tu lui devais encore quelque chose. Tu t'assis sur ton lit, attendant toujours qu'il t'explique ce que ces deux mots qui semblaient lui avoir échapper signifiaient. Même s'il te disait ne pas avoir faim, tu lui posas le paquet sur les cuisses Tiens, voilà. Quand on a faim, on mange. On ne se laisse pas ensevelir sous une montagne de papiers ou une pile de patients. D'ailleurs, en parlant de patients, pourquoi étaient-ils allés se plaindre plutôt que de d'abord venir te parler du raffut que tu causais ? Peut-être avaient-ils peur ? Ou bien alors...ils étaient intéressés par autre chose et attendaient que tu te fasses prendre ? Ils avaient passé un marché ensemble ? Si tu retapais dans les murs, ils auraient de te prendre plus de sang qu'à la visite médicale. À cette seule pensée, tu blêmis et regardas cet homme qui semblait fasciné par tes mains, même bandées. C'était un geste qui ne signifiait pas grand chose pour toi, en le regardant, tu compris que ce n'était pas le même son de cloche. D'ailleurs d'où venait-il pour être aussi tactile ?Tu n'en savais rien, mais là sur le coup, la seule qui te préoccupait était de garder ton sang bien au chaud dans tes petites veines. Quoi que les vampires mordaient plutôt l'artère non ? Tu extirpas une de tes mains pour la placer sur ton cou en vitesse. Un geste sensé te protéger mais en ce moment même, de qui ? A ? Sûrement pas ! Il était interne, pas interné. Il n'aurait pas pu avoir ce poste s'il avait été un vampire voyons. Tu te ressaisis presque aussitôt; et reporta ton entière attention sur lui, lui redonnant ta main. Si ça pouvait le rassurer. Mais en ce moment même, tu en avais bien besoin aussi.

« Si y a encore un mur qui embrasse juste un d'mes poings, t'vas dire au vampire d'à côté d'me vider ? »

Qu'est-ce que c'était que cette question ? Et pourquoi resserrais-tu ton étreinte sur ses mains en la lui posant ? C'était la sensation que tu détestais le plus sur cette planète : sentir ton sang qui s'échappait de ton corps.

Je fixe son paquet de gâteau. Il veut me forcer à manger ? Dans tous les cas je n’en ai pas envie. Mais pourquoi passe-t-il sa main à sa carotide ? A-t’ il senti ma vrai nature ?... Non il remet sa main contre la mienne et me les sert doucement. Je rougis, c’est attendrissant de le voir partager ce petit geste qui me semble si… intime ? Je suis intrigué par sa question.

« Pourquoi je ferais ça ? Les vampires n’ont pas le droit d’avoir du sang humain ici, ils n’ont à leur disposition que des poches de sang animal. Ne t’inquiète pas. Par contre, je pense que si tu recommences tu risques de devoir aller voir le psychologue pour t’expliquer, et sans doute même passer un petit moment en salle d’isolation. Je les ai aperçu ce n’est pas beau à voir. »

Je reste silencieux un moment et réfléchit. Je n’ose pas lui en parler de peur qu’il ne me rejette. Puis j’ose. Je fais le premier pas après avoir vécu cette étrange expérience la dernière fois.

« Aoi. Tu fais ça, après avoir fait des cauchemars ? Comme la dernière fois à l’infirmerie ? Je suis désolé de devoir te rappeler ces mauvaises choses mais j’ai lu ton dossier et au vu de ton comportement durant ton sommeil…. Revivrais-tu ton accident durant tes nuits ? Peut-être qu’en en parlant ça pourrait te soulager ? Mais si tu ne veux pas…. Promis je t’offrirais un punchingball pour que tu lui en parles en te réveillant ! Et non plus aux murs … et son ton voisin tente de te voler ton sang tu me demandes immédiatement »

Je rougis, qu’est-ce que je raconte-moi ?

« T-tu peux bien entendu en parler à mes collègues aussi hein ! I-ils s’en occuperont tout aussi bien ! »

Il rougissait. Le fait que tu remettes ta main dans la sienne le mettait mal à l'aise ? Pourquoi donc ? Tu savais que si tu ne l'avais pas fait, il l'aurait mal pris, encore une fois Ou du moins, tu avais de très fortes certitudes sur ce point. Il t'éclaira un peu plus sur les vampires présents en ces lieux et leur nourriture. Mais même s'ils n'avaient pas le droit au sang humain, qu'est-ce qui te disait qu'ils respectaient bien cette règle, hm ? Rien. Personne. Les interdits sont faits pour être brisés, comme dirait un sale gosse qui tenterait de justifier ses actes. Du sang animal ? Donc en gros, celui qui risquait le plus ici n'était pas toi mais ce quadrupède insouciant qui suivait n'importe qui mais aussi n'importe quoi. Des personnes inconnues au simple papillon, ou pire, bout de papier qui aurait eu le malheur de se poser devant lui puis de s'envoler. Parfois, tu te disais qu'il devait être limité intellectuellement mais bon, c'était comme ça que tu l'aimais. Crétin d'chien. Et puis non, tu n'irais pas en isolement. Tu allais très bien. Tu ne t'en étais pas encore pris à quelqu'un volontairement. Oui, on insiste bien sur le volontairement car ton sommeil ne compte pas vu que tu es inconscient à ce moment là. Face à ce nouveau silence, tu tentas de parler mais voilà qu'il reprit la parole. Comme s'il s'était arrêté pour juste reprendre son souffle.

« Aoi. Tu fais ça, après avoir fait des cauchemars ? Comme la dernière fois à l’infirmerie ? Je suis désolé de devoir te rappeler ces mauvaises choses mais j’ai lu ton dossier et au vu de ton comportement durant ton sommeil… Revivrais-tu ton accident durant tes nuits ? Peut-être qu’en en parlant ça pourrait te soulager ? Mais si tu ne veux pas… Promis je t’offrirais un punchingball pour que tu lui en parles en te réveillant ! Et non plus aux murs … et si ton voisin tente de te voler ton sang tu me demandes immédiatement
- J'pas besoin d'en parler. Ça a jamais rien changé avant, j'vois pas ce que ça pourrait faire maint'nant, pis les punching ball, ça dure pas longtemps par rapport aux murs, tu t'arrêtas un court instant, hésitant et le questionna, J'pourrais l'taper avant ? Ce s'ra que d'la légitime défense de toute manière»

Bah quoi ? C'est vrai ça, s'il s'approchait pour te voler de ton précieux liquide, tu n'allais pas le laisser faire puis aller t'en plaindre. Tu hochais négativement la tête par rapport à sa dernière remarque. Il s'était proposé en premier, et de toute manière, il était le seul qui avait un minimum de ta confiance ici. Tu te relevas du lit pour retourner près de ta toile, et, en la regardant longtemps, tu fis ce que tu savais faire de mieux sur cette Terre : détruire. Tu ne gardais jamais tes tableaux, de toute manière, c'était juste des trucs sans prétentions que tu faisais pour faire passer le temps. Tu jetas le tout dans ta poubelle avant de retourner te laver les mains et retourner près de White.

« Et le livre ? »

Tu aurais bien aimé savoir ce qu'il en avait pensé, même si tu ne l'avais pas lu. Tu avais juste compris qu'il devait s'agir d'un roman à l'eau de rose, mais pour le reste, le noir total.

Il ne veut pas parler de ses cauchemars. Ça se comprend bien sûr. Mais après le fait qu’il aurait pu te tuer s’expliquer aurait été gentil non ? Je souris à la remarque pour le punching-ball.

« Je t’en ferais amener un nouveau à chaque qu’il y a besoin, les sacs de sables peuvent être solides tu sais ? »

Ça remarque sur la légitime défense me fit rire. D’un rire doux et sincère et non pas un gloussement moqueur. Cet humain m’intrigue. Il est différent des autres d’ici. Peut-être un brin trop…. Insouciant ? C’en est adorable.

Ce qui est beaucoup moins adorable c’est la toile qui vient de partir à la poubelle. Pourquoi avoir fait ça ? C’était très joli ! Je me lève et vient observer le cadavre du tableau d’un air interrogateur. Comme si la poubelle allait me répondre.

Le livre ? Ah ! Oui j’oubliais ! Étonnement même si je l’avais déjà lu je me suis surpris à le relire en me disant que pourquoi pas ? Après tout je suis bien partie pour relire toute la bibliothèque de l’hôpital.

« Oui, il est intéressant. Une histoire d’amour un peu tiré par les cheveux mais des plus adorables. Tu ne l’as jamais lu n’est-ce pas ? Il n’y avait aucune trace, ou alors tu en prends très soin ? »

La voyelle te proposait de te ramener un nouveau défouloir chaque fois que tu en crèverais un. C'était plutôt sympa de sa part, mais est-ce qu'il le ferait toujours au bout de la cinquième fois ? Son rire te fit sortir de tes pensées. Qu'avais-tu pu dire de si drôle ? Tu le regardais sans vraiment comprendre, tu devais avoir l'air un peu benêt sur les bords. Un parfait idiot de service. Quand il se levait pour regarder ta toile déchirée, tu l'observas. Il semblait comme attendre que quelque chose se passe. Il croyait que la poubelle allait la lui reconstruire et qu'il pourrait la garder ? Qui sait ? Peut-être qu'un jour tu tomberais sur une poubelle magique qui pourrait reconstituer les objets cassés. Tu profitas qu'il était toujours devant ta poubelle pour t'installer sur ton lit. Quand tu le questionnas à propos du bouquin, il sembla tout d'abord surpris puis s'en souvînt.

« Oui, il est intéressant. Une histoire d’amour un peu tiré par les cheveux mais des plus adorables. Tu ne l’as jamais lu n’est-ce pas ? Il n’y avait aucune trace, ou alors tu en prends très soin ?
- Non, j'l'ai pas encore commencé celui-là, mais il m'inspire pas trop...»

Q'est-ce qui ne t'inspirait pas dans cette romance ? Que l'histoire semblait irrationnel ? Sûrement. Tu étais quand même très terre à terre, et ces histoires d'amours invraisemblables ne t'intéressaient que très peu. Tu avais déjà passé tellement de temps à ignorer l'amour que tu n'y connaissais rien. Si ça te dérangeait ? Mais qu'est-ce que c'était que ce genre de questions ?! Tu n'en savais fichtrement rien toi ! T'étais juste déjà "content" d'être en vie et avoir l'usage de tes jambes. Alors bon... Tu fixas l'enfant de la lune, encore. Lui, ça semblait lui plaire Tu te demandais en quoi d'ailleurs. Et si tu tentais de lui poser la question ? Trop embarrassant hein ? Oh allez, tu étais grand maintenant... en âge idiot !, en taille oui c'est sûr, tu étais même très grand. Tu commenças à bredouiller une question à propos du passage qu'il avait le plus apprécié, par curiosité. Tu trouvais ça d'ailleurs bizarre de poser ce genre de questions.

Il essai de communiquer avec moi à propos du livre, mais il semble avoir un mal fou. C’est étrange ce n’est pourtant qu’un semble livre non ? Et il ne l’a même pas lu en plus ? Je me décide d’aller chercher le dis livre et lui apporte avec un marque page ancien logé à mon passage préféré.

« Tiens, c’est ce passage là si tu as envie de savoir…. C’est le moment où le héros comprend que la douleur dans sa poitrine est dûe à l’amour, il en devient très maladroit, j’ai trouvé ceci très amusant. »

Le moment où tu comprends que tu es amoureux. Oui j’ai aimé ce passage car je m’y suis retrouvé dedans. La même personne à devenir imbécile et timide pour la moindre chose. Et là je me rends compte que c’est stupide de lui avouer ça. Je reprends le livre en rougissant.

« D-désolé, tu as dit qu’il ne t’inspirait pas, je t’embête avec ça… Je ne suis pas un grand romantique à la base alors ne te méprends pas d’accord ? C’est un peu… gênant. »

Je ne sais pas quoi dire d’autre. A ce moment précis j’ai l’impression d’être le héros totalement idiot de ce bouquin tout aussi bête.

Je m’incline faiblement et retourne vers la porte après avoir dit au revoir au petit toutou qui a tenté de relooker mes chaussures sans grand succès et repart sagement à ma chambre après avoir repris mes affaires et fait un détour par mon bureau.

Un simple au revoir et une grande timidité. Je ne veux pas le revoir. Il me fait perdre mon sang froid si j’ose dire ainsi. La prochaine fois, je regarderais à qui appartient le dossier et je le filerais à quelqu’un d’autre. C’est décidé. Je ne dois plus croiser la route de ce bronzé !