Oùlà, calmos toi ! J'me suis pas embarqué pour un délire yaoi. T'as juste pas le droit de m'mater comme ça. Range tes yeux un peu.
C'est quoi que tu regardes ? Ah ouais, les tatouages, ok, j'les oublie toujours ceux la. Ils sont sur moi, ils sont même moi un peu, alors je fais pas gaffe mais c'est vrai que ça peut interpeller, d'autant plus que je suis souvent en t-shirt et qu'ils me bouffent bien tout les bras et un bout de la gorge. C'est rassurant de comprendre pourquoi on est regardé, mais c'est un peu décevant quand même, surtout quand c'est les nénettes qui me matent. T'es là, trop fier, et t'entends juste "Ouah ! Classe tes tattoos !" et elles se cassent, y'a de quoi être deg', nan ? Enfin, je veux dire, c'est pas comme si le reste était follement intéressant, y'a juste des trucs qui sortent de l'ordinaire quoi. Par exemple, j'suis grand. Ah ça pour être grand, j'suis grand ! Presque un mètre quatre-vingt quinze, c'est pas donné à tout le monde, et là j'suis méga fier, mais bon, j'aurais du écouter les gens quand ils me disaient "Fais du basket" et que j'en ai jamais fait. C'est pas que j'aime pas les sport d'équipe, c'est que j'aime pas le sport tout court, et ça, ça se voit. Un peu mou du bide, et j'ai eu plein de problèmes de dos quand j'étais ado, une scoliose et tout, à plus pouvoir faire de sport. Y'a même une période où j'ai du porter un corset et c'est là que... bref. J'suis voûté, pas musclé, j'ai les épaules qui tombent en avant... quand je marche ça me fais un peu le profil du canard WC, m'v'voyez ? Ah oui, et de base j'suis brun, mais j'aime bien me teindre les cheveux aussi, parce que ça va avec mon look, et puis parce que j'trouve ça drôle la tronche des vieux et des moins vieux quand ils te voient passer comme ça genre "Quelle jeunesse décadente !" comme des gros coincés du cul. J'ai commencé à me teindre les cheveux dès le lycée, quand j'ai commencé à sortir avec Morgane. Elle, c'était une folle de dessin qui passait sa vie devant l'portail du lycée à fumer des joints avec les autres pégus d'arts plastiques. Elle assortissait la couleur de ses sourcils à celle de ses cheveux qu'elle assortissait à celle des poils de sa chatte. Ce sens du détail, c'était fou, j'trouvais ça génial, alors j'me suis dit qu'il fallait qu'on soit raccord, mais moi et le détail... J'achète la teinture et j'me la fous sur les cheveux direct hein, je décolore même pas. 60 boules chez le coiffeur, non merci. Et puis il aurait aussi fallu que j'assortisse tous mes poils et alors là... Franchement, avec ce que j'ai sur les pattes, j'me dis tant pis hein, j'ai jamais trouvé le courage de les raser (à quoi bon ? Ça repousse) alors les colorer, c'est vraiment balancer la thune par les fenêtre et j'en ai pas assez pour ça. Les poils...C'est là que ça commence à pointer le bout son nez, cette saloperie d'hybridité. Des poils aux pattes pour récupérer le pollen mais GENRE. Les gens que je fréquentais c'est pas les fleurs qu'ils auraient voulu que j'récolte, c'est l'herbe. Y'a ça, et y'a le dos, rah putain ce dos, c'que c'est laid. Sur toute la colonne, j'ai une espèce de carapace noire dégueue. Elle est pas très large, mais elle ait vraiment... insecte quoi, c'est crade, tellement crade. J'ai rien contre les insectes, mais sur moi, dans moi...Baaaaaah. Et j'ai un dard aussi maintenant. J'vous voie venir bande de vicieux, avec vos idées à la con, à ricaner dans votre coin là, genre j'ai pas remarqué ce que j'ai dit. Vous êtes stupides. Et si j'vous dis qu'il est au bout d'mon majeur ? Ouais, c'est reparti,. Bah faites gaffe, parce que ouais, j'sens que si j'm'en sers, j'y laisserais un bout de la main, c'est clair, mais il doit faire bigrement mal, et t'as vu la gueule des piqûres d'abeille ? Le venin et tout ? Rien qu'avec un truc de deux centimètres, tu pars à la pharmacie, alors imagine avec un mec de quasi deux mètres... à ta place j'ferai gaffe quand même.

J'préfère parler de mon caractère, parce que j'l'aime bien.
Ouais, ça fait peut-être narcissique, mais j'ai l'droit d'bien m'aimer, oh ! Et puis en toute franchise, j'suis bien moins difficile à vivre que la plupart des gens. Et j'les aime aussi, les gens, mon amour pour moi est pas exclusif, je suis pas un con égocentrique. Qu'à dix-sept piges tu te cherches, okay, mais moi j'en ai vingt-trois les mecs, je commence à me connaître un peu à force de me fréquenter, alors ouais je suis un putain de branleur que pour le secouer faut y aller avec un bélier (un rhino même) mais je suis gentil. Eh oui, je suis gentil, j'aime pas faire du mal au gens. Bon, soyons honnêtes, j'suis pas un cul béni et c'est pas mes bonnes intentions qui m'empêchent de leur en faire quand même, parfois par maladresse, parce que la franchise pas c'est mon truc et que si j'ai quelque chose à te dire, tu te le prendras direct dans la gueule sans que ça passe par la case délicatesse, et puis parce que j'ai des poings aussi, et j'aime pas les emmerdeurs. J'suis pas rancunier, j'suis pas mesquin ni salaud, mais viens pas me casser les couilles quoi, j'veux bien être gentil mais me prends pas non plus pour la bonne poire de service. J'te casserai pas la gueule avec méchanceté, c'est juste pour mettre les choses au clair tu vois ? J'suis une pâte, tant qu'on me marche pas sur les pieds et qu'on me cherche pas. Et sinon, ça dépend de qui t'es bien sûr. J'ai horreur des mauvaises ambiances et des vieilles rancoeurs, surtout dans un groupe, alors tant pis, j'rangerais ma fierté si on peut pas régler nos comptes, juste, j'oublierai pas de te coincer quelque part pour qu'on règle ça d'une manière ou d'une autre. Quand je dis "groupe" je pense à... à peu près tout ce qui y ressemble en fait. J'm'intègre vite, général, parce que voilà, j'vais vers les gens, j'cause, je rends service...'fin j'attire pas les gens mais ils aiment bien ma présence quoi, et puis j'ai tendance à considérer le moindre ensemble comme une sorte de famille. Au bahut c'était ma classe, et puis les potes de sèche, puis les meufs du club ciné aussi, plein de familles imbriquées les unes dans les autres mais où chacun à sa place. J'aime ça, j'aime quand les places sont claires, à peu près, parce que c'est à ce moment là que je trouve la mienne. Je suis pas un meneur, je suis pas la tête de turc, je suis le mec dans la masse, celui qui est utile, qui rend service quand il peut, qui s'excuse quand il peut pas.
Enfin, y'a bien que là que j'aime l'ordre, parce qu'à côté de ça... C'est pas que je sois bordélique, mais je suis un peu Diogéniste (de quoi j'invente des adjectifs ?) sur les bords quand même, et j'entasse. J'adore avoir des trucs. Mais parfois des trucs de merde, genre les crayons ikea (qui n'a jamais pris plein de crayons chez ikea ?) ou des trucs vraiment merdiques quoi, des trombones qui traînent, un caillou qui a une forme rigolote, un bâton tordu, un papier de couleur, un vieux magazine avec une couv' sympa, des chouchous, des clés que je sais pas ce qu'elles ouvrent que j'ai trouvé par terre, des cure-dents... Et de ce que j'ai déjà, je jette jamais rien. J'arrive pas à me défaire des trucs, alors j'accumule, ça fait des tas. J'aime bien les tas de trucs, et j'aime bien les cacher aussi. Pas que j'en ai honte, mais j'aime les savoir à l'abris, mes précieux, j'ai horreur que mes affaires disparaissent.
D'ailleurs, j'ai pas honte de grand chose. J'aime être avec les gens, et j'ai longtemps créché chez des potes quand j'avais pas de chez moi, alors j'ai l'habitude d'avoir pas vraiment d'endroit à moi, de coin intime où me réfugier. Mon coin intime, c'est juste moi, voilà, on se parle un peu moi et moi, et j'ai pas besoin de plus. J'ai pas de problèmes pour aller sous la douche avec d'autres gens, pas de problèmes pour partager là où je dors, là où je mange. Tant pis si j'me gratte les couilles ou me cure le nez devant quelqu'un, j'ai personne à impressionner. Je suis comme je suis, je suis humain, alors c'est con d'être hypocrite et de vouloir se cacher quand on va chier ou qu'on est moche, c'est pour tout le monde pareil.
Enfin, je sais pas si je peux encore dire ça maintenant, parce que...Ouais non, je suis humain, et c'pas trois pseudo scientifiques qui font mumuse avec des aiguilles qui me changeront, je l'ai promis. J'l'ai promis à ce moi intime, à ce petit temple qui me suit partout, qui me rassurait quand j'savais pas où j'allais, et qui m'empêche de perdre la boule ici.
Être humain, c'est un serment entre moi et moi.